Pas beaucoup de temps pour donner des nouvelles ces dix derniers jours. Des journées très chargées, pendant lesquelles on a vécu certains des meilleurs moments du voyage, mais aussi les pires... Mais commençons par le commencement...
DONDE LA TIERRA SE ABRE: AREQUIPA-CAÑON DEL COLCA
Depuis Ica, douze heures de bus de nuit nous mènent à Arequipa, sans doute la plus belle ville visitée jusqu'ici. L'architecture est très riche, et les montagnes tout autour sont spectaculaires -le majestueux (et menaçant) volcan Misti, notamment, qui surplombe la cité. Nous passons là deux belles journées, très denses, avec des tas de visites à droite à gauche. La plus intéressante reste celle du Monastère Santa Catalina (qui est en fait un couvent comme son nom ne l'indique pas), une ville dans la ville. Ses ruelles, fontaines, jardins et ses murs peints en jaune, bleu ou rouge vif rappellent le sud espagnol et invitent plus à la fête qu'à la prière. C'est d'ailleurs ce qui se passait ici dans les premières années, des fiestas organisées par les nonnes, avec festins et musique, avant que le clergé n'y mette le holà. Sympa, à se réconcilier avec la curaille...
Nous laissons quelques jours Aréquipa pour une rando dans le Cañon du Colca, apparemment le plus profond du monde (voir anecdotes). Après avoir roulé de nuit depuis la Ciudad Blanca (le surnom d'Arequipa), on atteint le petit village de Cabanaconde, au bord du canyon, point de départ de la rando. Le premier jour, nous descendons tout en bas du canyon, puis traversons le Rio pour remonter de l'autre côté. Comme on arrive tôt à San Juan de Chucho, où on était censé camper, on décide de pousser 2h de plus jusqu'à Tapai, un peu plus haut. Super idée. On se retrouve le soir au milieu de la fête annuelle de Tapai, avec la centaine d'habitants que compte le village, tous en habit traditionnel pour l'occasion. Les bières ont éte montées à dos de mulet (on est à 6h de marche de la première route, et pas d'héliportage ici!), l'eau de vie de maïs est faite sur place, et les trompettes, si elles ne paraissent plus toutes neuves, retentiront jusqu'à tard dans la nuit. On n'est quand même pas super à l'aise au début, on se sent un peu intrus, les deux seuls étrangers de la fête. On ne peut pas non plus acheter à boire ou à manger pour participer, car les villageois eux-mêmes apportent leurs provisions... Mais rapidement on nous tend deux pleines assiettes, avec un large sourire, et l'ambiance se réchauffe. On ne s'éclipsera quand même pas trop tard, il faut décoller tôt le lendemain. Tapai, grand souvenir. Le jour suivant nous conduit à l'Oasis de Sangalle, de nouveau au fond du Cañon, où on peut se reposer au bord des piscines naturelles. Et le dernier jour, nous démontons la tente dès 4h du mat, pour commencer l'ascension qui nous ramène à Cabanaconde de nuit. La chaleur est infernale dès 9h. Tout se passe bien et nous bouclons notre petite rando ravis, avec des paysages grandioses pleins la tête. Sur le retour, un arrêt au mirador de la Cruz del Condor, où on observe 6 ou 7 condors. Les ennuis commenceront le lendemain...
ÇA POUVAIT PAS DURER...
Premier pépin à Chivay, où nous passons une nuit en revenant du canyon, avant de repasser à Arequipa. En branchant la caméra et la clé USB dans un cyber café, étincelle, court-circuit, et tout s'éteint. Plus moyen de rallumer la caméra, la clé que j'ai achetée 4 jours avant à Arequipa ne s'ouvre plus. A-t-on perdu nos photos? Pourra-t-on réparer la caméra? Faudra-t-il la renvoyer en Espagne pour la garantie? Premiers soucis.
Le lendemain, nous repassons à Arequipa pour prendre le bus pour Cusco. Nous avons 3h entre les 2 bus. On laisse nos sacs à la compagnie de bus, et on file au centre ville pour faire changer la clé USB et acheter un peu de bouffe pour le trajet. A notre retour à la gare routière, l'entreprise n'a plus qu'un sac sur les 2. Ont disparu toutes mes fringues, la caméra (c'est la SEULE fois que je ne l'avais pas sur moi de tout le voyage, dans la journée), la tente, le duvet, les chaussures de montagne, etc...
Suivront 2 jours interminables de rendez-vous au commissariat, devant un juge (3 fois en 2 jours!), chez un notaire, à lutter contre la mauvaise foi de la compagnie de bus. On nous reproche d'abord aussi un excès de confiance, il fallait réclamer un ticket. On se défend en expliquant que sur la quinzaine de compagnies avec lequelles nous avons voyagé au Pérou, 2 nous ont donné un ticket. Comment va-t-on, nous, 2 touristes, transformer la façon de travailler des entreprises du pays? On explique également au juge qu'en voyageant dans un pays où on ne connait personne, on est obligé de faire confiance à un moment donné à des inconnus, et qu'au moment où on lui parle, rien ne nous garantit que le personnel de notre hôtel n'est pas en train de nous voler le peu qui nous reste, dans notre chambre... Et que le jour du vol, les sacs nous paraissaient plus en sécurité aux mains de la compagnie que sur nous, dans la rue, de nuit. Mais évidemment, on ne peut pas démontrer l'existence des objets perdus. On sent que le juge se met de notre côté mais il nous conseille d'arriver à un accord avec l'entreprise, car la procédure serait interminable et, encore une fois, c'est notre parole contre celle de la compagnie. L'entreprise veut bien sûr lâcher le moins possible, expliquant au juge que la fille qui nous a vendu le billet ne travaille pas vraiment pour eux, puis qu'ils ont déjà de gros problèmes financiers, que leur unique bus a eu un accident 6 mois auparavant qui a laissé 30 morts (oui, oui, on a bien choisi la compagnie). Au final, et on la fait courte, l'entreprise accepte de nous dédommager (on y perd quand même, mais on a bien failli ne rien toucher). Dernière pirouette, ils veulent signer l'accord devant le Père Alan, de la paroisse de Pachacutec, qui fait un travail formidable avec les orphelins du quartier. On répond que le père Alan est certainement un chic type mais qu'il faudrait peut-être arrêter les conneries. Finalement, un accord est signé devant notaire. L'entreprise nous paye en 2 fois, ce qui nous oblige à revenir encore une fois sur Arequipa dans une semaine.
Nous sommes maintenant à Cusco, et on essaie de tourner la page. On l'a évidemment encore amère, car on a peu à se reprocher. Il ne nous était rien arrivé jusque là, on avait fait attention (avec toutes les histoires de vol qu'on entend sur le chemin). Et là, on perd une grosse partie de nos photos, des objets auxquels on tenait, et surtout la caméra (désolé Daniel, Chantal, Joel et Françou...).
Mais le voyage continue, seulement peut-être un peu changé par rapport à ce qui était prévu. Et on relativise assez vite ses problèmes matériels dans un pays comme celui-ci, en regardant autour de soi (en entendant aussi les nouvelles de Pierrefitte, courage Céline).
On vous embrasse tous très fort. Le blog reprendra son cours assez vite.