28 août 2009

El Choro, plein la vue

Oubliée la mésaventure de Sorata. On revient de trois belles journées sur le trek du Choro, un des plus connus de Bolivie (mais ça va, on était en tout et pour tout qu'une petite dizaine lancés sur le chemin). Le point fort de la rando, c'est la diversité des paysages traversés: de panoramas volcaniques déserts, casi lunaires, avec des glaciers tout proches (on passe à plus de 4800), à des forêts chaudes et humides à la végétation super dense (on termine le dernier jour à 1300m à peine). En plus, les quelques locaux qu'on a pu croiser (paysans, bergers ou même mineurs) étaient tous adorables. On s'est régalé.

La Paz - 3700m d'alt.

Arrivée à la capitale bolivienne, la plus haute du monde. Au premier abord, elle est bien comme tout le monde la décrit, une grande fourmilière. Petit centre historique dont on a vite fait le tour, une église, 2,3 places, quatre petits musées (le musée de la feuille de coca, intéressant), des marchés à visiter (le très touristique marché des sorcières, pour acheter les foetus de lamas qui protègent des mauvais esprits)... La Paz a son charme, mais on en fait quand même assez vite le tour. On doit quand même y rester quelques jours, en attendant que se remette une cheville endolorie. En effet, la prochaine étape est une rando de 3 jours, à quelques km d'ici.

23 août 2009

¿Peligro en Sorata?

Sorata, un mignon petit village andin à 150km au nord de La Paz, que surplombe le glacier Illampu. Ce qui nous amène ici, ce sont les nombreuses randos que l'on peut faire dans le coin. On a choisi la nôtre: la rando Chillata-Laguna Glaciar, sur 3 jours et 2 nuits. Le premier jour doit nous conduire à la laguna Chillata, où nous devons camper (bivouaque tactique comme on dit à Sazos), après 7h de marche et 1500m de dénivelé positif. Le deuxième jour, on est censé laisser la tente à Chillata et faire l'aller-retour en 6h jusqu'à la Laguna Glaciar, situé 800m au-dessus. La dernière journée nous permettra de redescendre au village de Sorata, tranquillement. Les paysages ont l'air superbes, et la balade ne présente pas de difficulté technique. Une rando à notre portée, et qui nous montera à 5000m! On est motivé.
Mais rapidement, les gens au village nous déconseillent de partir seuls. On n'a pourtant pas besoin de guide, on a nos cartes, le topo, et encore une fois le niveau est supposé facile (physique mais pas compliqué). On va quand même se renseigner au bureau des Guides locaux. Le prix est exorbitant, et on se demande toujours ce qu'ils vont nous apporter. On reste donc décidé à se lancer seul. Alors, en continuant de discuter avec les gens, on comprend que si on part seul, on risque de se faire agresser sur le chemin, de se faire voler, et ce par les guides eux-mêmes! On a du mal à y croire... Une espèce de racket montagnard. Tu me payes pour que je t'accompagne ou je te dépouille pendant la nuit... On nous rapporte des histoires de campeurs qui se font réveiller et qu'on sort de leur tente pour voler leurs affaires... On est sceptique.
On décide quand même de le tenter, d'aller voir. On pourra peut-être se joindre à un groupe de randonneurs sur le chemin, et camper avec eux. Malheureusement, on ne rencontre que des locaux, qui nous demandent insistamment ce qu'on fait ici sans guide, jusqu'à ce qu'on croise un groupe de 5 hommes, des ouvriers d'un chantier proche (ils tracent une piste), qui nous demandent de l'argent. On discute un moment (ils restent calmes) pour leur expliquer qu'on ne peut rien leur donner. Ils abandonnent enfin mais nous préviennent que de toute façon leurs collègues viendront tout nous piquer dans la nuit. Merde.
Du coup, on se dégonfle. On aurait insisté si on avait été un bon groupe, mais là... On accélère alors le pas pour boucler l'aller-retour Sorata-Chillata avant la nuit. La journée est du coup bien crevante (11h de marche, monter 1500m pour les redescendre en suivant), et on s'est trimballé tente, duvets et bouffe pour 3 jours pour que dalle, mais la rando était belle. On pouvait pas risquer de perdre encore une fois nos affaires... Mais on est déçu, le plus dur de l'ascension était fait.
C'est quand même triste de pas pouvoir marcher l'esprit tranquille en montagne. Surtout que ces randos (le chemin de l'Inca en Equateur, ou le cañon du Colca au Pérou, surtout) sont certainement les meilleurs moments du voyage. Des journées qui nous sortent du côté chaotique, bordélique (qui a aussi son charme) et souvent crado des villes et villages. Des journées pendant lesquelles on ne croise presque personne. Tous les 2, peinards. Seulement penser à: où va-t-on pouvoir camper le soir venu, quand est-ce qu'on fera la prochaine pause, quel chemin prendre, sur quelle pierre poser le pied... Et en découvrant un beau paysage, penser aux proches qui apprécieraient eux aussi le spectacle (Ah, si Jérôme était là... Ah, mon père se plairait ici...). On se lance évidemment dans des randos de notre (petit) niveau. On n'a ni la condition, ni l'expérience, ni le matos pour s'attaquer un glacier a 6000 (non Michel...). Mais on se fait plaisir sur des balades de quelques jours, avec de bons dénivelés.
Mais en fait, depuis 2 mois, on vit au quotidien comme on marche en montagne. On se demande seulement quelle sera la prochaine étape, qu'est-ce qu'on va visiter, comment y aller... Et dans les bons moments, penser aux gens qui comptent, n'oublier personne. Voyager comme ça, c'est vraiment un luxe. Même si les hôtels visités sont parfois un peu glauques, les douches rarement chaudes ou les transports inconfortables, ça reste un voyage grand luxe. Et on est conscient de la chance qu'on a.

18 août 2009

¡Bolivia! (C'est plus le Pérou...)

Un dernier saut à Arequipa (pour la troisième fois), pour notre dernier rendez-vous avec les escrocs de la compagnie Turismo Real del Sur (on va leur faire une bonne pub). Ils nous font encore poireauter une journée, nous baladent d'abord en nous racontant qu'ils n'ont pas pu réunir tout l'argent, bref... Mais ça y est, la page est tournée. Nous filons enfin à Puno, au bord du Lac Titicaca, notre dernière étape péruvienne. Là-bas, visite obligatoire (mais décevante) des îles flottantes de Uros, l'attraction touristique locale.
Le lendemain, nous restons au bord du lac mais changeons de pays pour se retrouver en Bolivie, à Copacabana, agréable petit village où nous posons nos sacs à dos quelques jours. Repos. Le Titicaca est superbe, d'un bleu intense, et gigantesque. Une mer à 3800m d'alt. Au loin, la cordillère des Andes se dresse, majestueuse. On y grimpera dans quelques jours.

10 août 2009

Les mystérieuses cités d'or

On plonge vraiment dans le monde Inca ici, à Cuzco, ancienne capitale de l'Empire. D'ici, de nombreuses visites de ruines nous attendent, en s'enfonçant dans la Vallée Sacrée, dans des paysages montagneux majestueux. Les ballades sont sympas et on découvre un tas de choses sur cette civilisation incroyable. Préférence pour les ruines d'Ollantaytambo, de Pisac (en y grimpant super tôt, on avait le site pour nous) et bien sûr le Machu Picchu, à la hauteur de nos espérances (et la jolie ascension du Wayna Picchu).
Par contre, on plonge aussi dans le tourisme de masse, que l'on avait évité jusque là (un petit peu depuis Arequipa, mais rien de comparable). A certains endroits, on se croirait à Eurodisney. Des queues interminables, des tarifs exorbitants, des allemands en tongs-chaussettes... Et on a beau marcher dès 4h du mat pour ne pas prendre le bus, prendre un chemin alternatif pour éviter le train touristique (hors de prix), planter la tente, partout c'est la procession, et le budget prend mal. On se sentait voyageur depuis presque 2 mois, on redevient simples touristes. Mais on savait tout ça, et la magie des lieux compense largement. C'était le passage obligé du voyage, et on repart avec notre petite photo-souvenir (on a racheté un appareil photo) devant les ruines. On va quand même pas se plaindre...

6 août 2009

Pour le meilleur et pour le pire...

Pas beaucoup de temps pour donner des nouvelles ces dix derniers jours. Des journées très chargées, pendant lesquelles on a vécu certains des meilleurs moments du voyage, mais aussi les pires... Mais commençons par le commencement...
DONDE LA TIERRA SE ABRE: AREQUIPA-CAÑON DEL COLCA
Depuis Ica, douze heures de bus de nuit nous mènent à Arequipa, sans doute la plus belle ville visitée jusqu'ici. L'architecture est très riche, et les montagnes tout autour sont spectaculaires -le majestueux (et menaçant) volcan Misti, notamment, qui surplombe la cité. Nous passons là deux belles journées, très denses, avec des tas de visites à droite à gauche. La plus intéressante reste celle du Monastère Santa Catalina (qui est en fait un couvent comme son nom ne l'indique pas), une ville dans la ville. Ses ruelles, fontaines, jardins et ses murs peints en jaune, bleu ou rouge vif rappellent le sud espagnol et invitent plus à la fête qu'à la prière. C'est d'ailleurs ce qui se passait ici dans les premières années, des fiestas organisées par les nonnes, avec festins et musique, avant que le clergé n'y mette le holà. Sympa, à se réconcilier avec la curaille...
Nous laissons quelques jours Aréquipa pour une rando dans le Cañon du Colca, apparemment le plus profond du monde (voir anecdotes). Après avoir roulé de nuit depuis la Ciudad Blanca (le surnom d'Arequipa), on atteint le petit village de Cabanaconde, au bord du canyon, point de départ de la rando. Le premier jour, nous descendons tout en bas du canyon, puis traversons le Rio pour remonter de l'autre côté. Comme on arrive tôt à San Juan de Chucho, où on était censé camper, on décide de pousser 2h de plus jusqu'à Tapai, un peu plus haut. Super idée. On se retrouve le soir au milieu de la fête annuelle de Tapai, avec la centaine d'habitants que compte le village, tous en habit traditionnel pour l'occasion. Les bières ont éte montées à dos de mulet (on est à 6h de marche de la première route, et pas d'héliportage ici!), l'eau de vie de maïs est faite sur place, et les trompettes, si elles ne paraissent plus toutes neuves, retentiront jusqu'à tard dans la nuit. On n'est quand même pas super à l'aise au début, on se sent un peu intrus, les deux seuls étrangers de la fête. On ne peut pas non plus acheter à boire ou à manger pour participer, car les villageois eux-mêmes apportent leurs provisions... Mais rapidement on nous tend deux pleines assiettes, avec un large sourire, et l'ambiance se réchauffe. On ne s'éclipsera quand même pas trop tard, il faut décoller tôt le lendemain. Tapai, grand souvenir. Le jour suivant nous conduit à l'Oasis de Sangalle, de nouveau au fond du Cañon, où on peut se reposer au bord des piscines naturelles. Et le dernier jour, nous démontons la tente dès 4h du mat, pour commencer l'ascension qui nous ramène à Cabanaconde de nuit. La chaleur est infernale dès 9h. Tout se passe bien et nous bouclons notre petite rando ravis, avec des paysages grandioses pleins la tête. Sur le retour, un arrêt au mirador de la Cruz del Condor, où on observe 6 ou 7 condors. Les ennuis commenceront le lendemain...
ÇA POUVAIT PAS DURER...
Premier pépin à Chivay, où nous passons une nuit en revenant du canyon, avant de repasser à Arequipa. En branchant la caméra et la clé USB dans un cyber café, étincelle, court-circuit, et tout s'éteint. Plus moyen de rallumer la caméra, la clé que j'ai achetée 4 jours avant à Arequipa ne s'ouvre plus. A-t-on perdu nos photos? Pourra-t-on réparer la caméra? Faudra-t-il la renvoyer en Espagne pour la garantie? Premiers soucis.
Le lendemain, nous repassons à Arequipa pour prendre le bus pour Cusco. Nous avons 3h entre les 2 bus. On laisse nos sacs à la compagnie de bus, et on file au centre ville pour faire changer la clé USB et acheter un peu de bouffe pour le trajet. A notre retour à la gare routière, l'entreprise n'a plus qu'un sac sur les 2. Ont disparu toutes mes fringues, la caméra (c'est la SEULE fois que je ne l'avais pas sur moi de tout le voyage, dans la journée), la tente, le duvet, les chaussures de montagne, etc...
Suivront 2 jours interminables de rendez-vous au commissariat, devant un juge (3 fois en 2 jours!), chez un notaire, à lutter contre la mauvaise foi de la compagnie de bus. On nous reproche d'abord aussi un excès de confiance, il fallait réclamer un ticket. On se défend en expliquant que sur la quinzaine de compagnies avec lequelles nous avons voyagé au Pérou, 2 nous ont donné un ticket. Comment va-t-on, nous, 2 touristes, transformer la façon de travailler des entreprises du pays? On explique également au juge qu'en voyageant dans un pays où on ne connait personne, on est obligé de faire confiance à un moment donné à des inconnus, et qu'au moment où on lui parle, rien ne nous garantit que le personnel de notre hôtel n'est pas en train de nous voler le peu qui nous reste, dans notre chambre... Et que le jour du vol, les sacs nous paraissaient plus en sécurité aux mains de la compagnie que sur nous, dans la rue, de nuit. Mais évidemment, on ne peut pas démontrer l'existence des objets perdus. On sent que le juge se met de notre côté mais il nous conseille d'arriver à un accord avec l'entreprise, car la procédure serait interminable et, encore une fois, c'est notre parole contre celle de la compagnie. L'entreprise veut bien sûr lâcher le moins possible, expliquant au juge que la fille qui nous a vendu le billet ne travaille pas vraiment pour eux, puis qu'ils ont déjà de gros problèmes financiers, que leur unique bus a eu un accident 6 mois auparavant qui a laissé 30 morts (oui, oui, on a bien choisi la compagnie). Au final, et on la fait courte, l'entreprise accepte de nous dédommager (on y perd quand même, mais on a bien failli ne rien toucher). Dernière pirouette, ils veulent signer l'accord devant le Père Alan, de la paroisse de Pachacutec, qui fait un travail formidable avec les orphelins du quartier. On répond que le père Alan est certainement un chic type mais qu'il faudrait peut-être arrêter les conneries. Finalement, un accord est signé devant notaire. L'entreprise nous paye en 2 fois, ce qui nous oblige à revenir encore une fois sur Arequipa dans une semaine.
Nous sommes maintenant à Cusco, et on essaie de tourner la page. On l'a évidemment encore amère, car on a peu à se reprocher. Il ne nous était rien arrivé jusque là, on avait fait attention (avec toutes les histoires de vol qu'on entend sur le chemin). Et là, on perd une grosse partie de nos photos, des objets auxquels on tenait, et surtout la caméra (désolé Daniel, Chantal, Joel et Françou...).
Mais le voyage continue, seulement peut-être un peu changé par rapport à ce qui était prévu. Et on relativise assez vite ses problèmes matériels dans un pays comme celui-ci, en regardant autour de soi (en entendant aussi les nouvelles de Pierrefitte, courage Céline).
On vous embrasse tous très fort. Le blog reprendra son cours assez vite.